Quand Jodie m'avait invité à participer à sa série What it feels like, je lui avais donné un texte de 200 mots sur mon émétophobie, et j'avais planifié une petite série, mais je n'ai jamais pensé que je serais à la partie 8, 4 mois plus tard!
La partie 1 de mon émétophobie complexe était composée au post 280. Le dernier chapitre d'Impacts Quotidiens est sur l'évitement.
Plusieurs de mes techniques d'adaptation dans la vie ont été celles de l'évitement, que j'ai fini par utiliser dans de multiples situations, et qui dépendent de plusieurs phobies ou causes traumatiques.
À la recherche, j'ai trouvé que j'utilise 3 types d'évitements, chacun avec un nom clinique différent, du moins en anglais.
- Évitement de conflits (en anglais Conflict avoidance) ;
- Évitement d'adaptation (en anglais Avoidance coping) = je n'ai pas trouvé ces termes précis en Français. Néanmoins, la peur de conflits semble le plus proche pour le premier terme, tandis que le second n'est que l'évitement.
- Trouble de la personnalité évitante, qui est celui que j'ai initialement pensé englober tous les autres (en anglais : Avoidant personality disorder).
J'ai inclus les liens vers les articles anglophones, plus complets. Si vous ne comprenez pas, utilisez le traducteur pour une idée plus précise, car je ne fais que résumer dans cette entrée.
Avant de discuter de tout cela, nous devons définir le mot adaptation, ou coping, retenu de l'anglais: il s'agit de tous les comportements que nous utilisons pour nous protéger des dommages psychologiques.
Maintenant, je peux détailler chacun de ces types d'évitement:
1. Bien que je n'ai pas appris ce terme d'un thérapeute ou de quelqu'un d'autres, j'ai naturellement appris à montrer l'évitement des conflits, qui est le premier d'entre eux, en raison de plusieurs éléments: manque d'estime de soi, personnalité bêta, et lié à mes traumatismes - particulièrement témoin de la violence domestique.
Cet évitement vient d'une incapacité à faire face aux arguments, aux cris, hurlement et bagarres. Je n'ai pas appris de manières faciles de gérer les contradictions, car les seuls exemples que j'ai eu dans mon enfance étaient violentes.
Comme décrit dans les liens hypertextes wiki ci-dessus pour ce type, cela ne me sert pas bien, car les problèmes de conflit ne sont pas traités quand je ne les confronte pas. J'ai réussi à le faire très rarement dans ma vie, seulement pour me respecter dans des relations toxiques (sujet à venir), et mon problème de confrontation jusqu'à présent est que je mets systématiquement fin à ces amitiés, au lieu d'apprendre à trouver des moyens de les améliorer.
2. Le deuxième type a plusieurs noms: avoidance coping, escape coping, cope and avoid. En français, cela donnerait évitement d'adaptation, ou évasion d'adaptation, ou encore faire face et éviter. Tous ces facteurs décrivent un mécanisme d'adaptation inadapté, c'est-à-dire qu'ils ne font pas face aux situations, car les éviter réduit l'adaptation aux situations ; et qui aurait pu être possible en apprenant à faire face.
Pour autant que je le comprenne, j'utilise l'évitement d'adaptation en ce qui concerne le déclenchement sur l'écran (télé, films et jeux vidéo); dans ce que je lis (livres, blogs); et de nombreuses situations dans lesquelles je pourrais être confronté à des déclencheurs.
J'utilise ce type en ce qui concerne mon émétophobie, la scatophobie, la carnophobie et l'hémophobie. Vous pouvez lire sur eux et leurs impacts dans la poste 280. J'évite beaucoup de situations et je ne peux pas regarder de nombreuses émissions graphiques, même si je sais que c'est tout faux; l'aspect visuel me déclenche néanmoins. Je ne peux pas lire certaines choses non plus, car les mots sont aussi difficiles à traiter.
3. Le trouble de la personnalité évitante, que nous appellerons maintenant AvPD (acronyme anglais, tout comme les suivants marqués *), est un autre type d'évitement. C'est un trouble de la personnalité C-cluster.
Définissons ceux-ci:
a) Ce groupe c-cluster comprend les troubles anxieux ou craintifs, y compris, à part l'AvPD, le DPD* (trouble de la personnalité dépendante) et les TOC (trouble obsessionnel-compulsif).
b) PD* ou troubles de la personnalité, sont des troubles mentaux qui sont des modèles de comportement, de cognition et d'expérience intérieure inadaptés, exposés dans de nombreux contextes et déviant nettement de ceux acceptés par la culture de l'individu. Ils se développent tôt, sont inflexibles et associés à une détresse ou un handicap important.
Dans mon cas, le développement précoce est durant mon enfance, suite à de multiples traumatismes.
En bref: la violence domestique, le divorce des parents, le fait d'être kidnappé par mon père, d'être amené dans un nouveau pays, plus de violence domestique, de stress d'adaptation, d'intimidation, de bouleversements politiques et de terrorisme. J'en ai discuté sur ce blog sous des entrées comme celle-ci, et d'autres sur les traumatismes, et VD.
Une fois développés, ils sont restés avec moi, plus ou moins toute ma vie jusqu'à maintenant. Ils ont donc duré.
Cet AvPD* est exprimé en moi sous forme de:
- Anxiété sociale grave - Je ne savais pas que j'en souffrais pendant plus de 30 ans avant mon diagnostic de phobie sociale, pour lequel j'ai reçu la TCC (Cette dernière entrée vous donne accès aux 25 sessions et expositions) ;
- Inhibitions sociales; sentiments d'inadéquation et d'infériorité ;
- Sensibilité extrême à l'évaluation négative ;
- Évitement d'interactions sociales malgré un fort désir d'intimité.
Comme d'autres souffrants, j'ai évité les interactions sociales en raison de nombreuses peurs:
Être ridiculisé ou humilié, considéré comme ennuyeux ou manquant de grâces sociales - surtout en vue de ma vie dans une secte, où je ne les ai pas apprises.
Je craignais d'être rejeté ou détesté, avec le sentiment que si et quand cela se produirait, cela renforcerait le manque d'estime de soi que la secte avait profondément enracinée en moi. Ce sont de nombreux mots destinés à me briser, comme expliqué, à travers le conditionnement.
Là, j'ai été victime d'abus et de négligence concernant mon bien-être psycho-physique, où le seul souci était de sauver mon âme, mais pas de me nourrir émotionnellement et physiquement vers une vie saine.
À travers les représentations d'un monde dangereux et pécheur, je n'ai pas été invité à interagir avec lui, mais à l'éviter. On me l'a dit presque tous les jours, et il n'est donc pas surprenant que l'effet secondaire soit un évitement durable des situations - car j'ai développé plusieurs TPC, et certains de leurs symptômes sont l'hyper-vigilance, et co-morbide avec TAG (Trouble Anxieux Généralisé), dont je souffre aussi comme résultat direct.
Je suis tout à fait d'accord avec des scientifiques qui ont découvert que j'exposais et que j'éprouvais une sensibilité élevée au traitement sensoriel (=hypersensibilité), et que j'étais élevé dans un environnement abusif, négligent et autrement dysfonctionnel. J'ai toujours eu une sensibilité et une empathie extrêmes, et j'ai toujours eu l'impression que mes émotions étaient démultipliées, et que mon cerveau était comme un amplificateur géant. Ainsi, les stimuli physiques et émotionnels étaient difficiles à traiter et à intégrer, en particulier au vu de mes expériences spécifiques, et d'un acte d'évitement, j'ai grandi pour éviter beaucoup, puis la plupart des situations.
Je considère mon empathie comme un aspect positif de la personnalité, mais je dois trouver un juste équilibre entre adaptabilité et coping.
L'évitement est un mauvais service:
Lorsque nous évitons des situations, nous croyons que nous nous protégeons indéfiniment. Je sais l'avoir pensé, et que je serais en sécurité. Pendant un certain temps, cela aurait pu être vrai, mais chaque fois que je l'ai fait, j'ai compliqué davantage l'adaptation possible et l'évitement est devenu une seconde nature.
J'ai évité tant d'invitations et de situations, que j'ai manqué des amitiés, des concerts, des films dans les cinémas, des voyages et tant d'autres.
Chaque fois que j'évitais une situation, je devenais moins capable de faire face à des situations similaires, et avec le temps, même les différentes m'étaient devenues impossibles.
Alternatives à l'évitement:
Alors, un jour, j'ai décidé que j'en avais assez de manquer. J'ai demandé à mon psychothérapeute de le voir plus souvent, et il m'a envoyé à l'alternative que je suggère d'abord: la TCC, avec des expositions progressives aux situations. Après un échec d'une première TCC, j'ai changé de psy-tcc et la seconde m'a donnée 25 séances, avec des expositions et des mises à jour régulières dans LSAS* (Liebowitz Social anxiete scale), qui ont prouvé les prochaines alternatives.
Modifier ou éliminer les réactions cognitives et émotionnelles aux conditions et aux situations qui ont donné lieu au problème de l'évitement. En changeant mes perceptions de chaque expérience individuellement, je pouvais voir que j'étais capable de faire face à beaucoup de situations sociales, devenais autonome et plus à l'aise dans beaucoup, et comme vous pouvez le lire au poste 299, mes niveaux d'évitement réduisaient beaucoup plus que l'anxiété elle-même . J'ai appris à faire face à mes peurs, et éviter l'évitement.
Je n'ai peut-être pas complètement neutralisé mes problèmes, mais j'ai réduit mon évitement de 37% et mon anxiété de 17%. Je suis maintenant capable de continuer ce chemin seul, et ma TCC adresse dorénavant mon émétophobie compliquée, entrelacée avec 3 autres phobies.
Résumons un peu:
Qu'est-ce qui cause l'évitement? Les symptômes du stress post-traumatique (TSPT et TPC) sont considérés comme les précurseurs de l'adaptation à l'évitement.
Le TSPT et TPC tous deux mettent notre cerveau en mode d'alerte élevée, sur les nerfs. Le cerveau est en alerte rouge.
Beaucoup ou toutes les situations sont considérées comme des dangers potentiels.
Nos cognitions et schémas comportementaux peuvent devenir un évitement généralisé, à travers une hyper-vigilance post-traumatique.
Les symptômes les plus courants sont: se replier en soi, éviter les relations, les activités sociales, les interactions et les situations.
Les peurs communes sont le rejet, l'engagement, le manque d'estime de soi ou de confiance, l'indécision.
L'évitement sert un but, pour un temps. Celui d'éviter les situations accablantes, quand nous ne sommes pas prêts à y faire face. En temps voulu, nous devons apprendre à faire face aux peurs et à trouver des solutions.
Solutions:
Modification de modèles, par le biais d'expositions graduelles, si nécessaire par le biais de la thérapie.
Une partie du désapprentissage de cette peur est de la braver, d'oser faire quelque chose de contraire, malgré cela, d'une manière calculée mais néanmoins audacieuse.
Pour moi, c'était aussi extrême que de changer mon nom sur Facebook, du nom de famille de ma femme à mon nom réel; c'était aussi apprendre à m'ouvrir aux autres, prendre le risque que l'amitié n'allât pas où je voulais, mais aussi risquer et réaliser que la vie est pleine de tels risques, où vous osez quelque chose juste assez où vous pourriez être blessé mais où vous pourriez aussi gagner beaucoup, par des amitiés, ou une nouvelle indépendance, et ainsi de suite.
J'ai trouvé cette belle illustration de comment tout cet évitement fonctionne, et le chemin de la récupération, en une seule image (j'ai ajouté les traductions):
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