Pour la bulle fictive du 24/01/2024, 5 mots à inclure : Extrême, Pauvre, Première, Soupir, Deux
Le Soupir
Me revoilà, cher journal intime, inanimé. Ce matin, je réalisais donc mes erreurs précédentes, tu t'en souviens, j'en suis certaine ; celles de composer à la troisième personne, me donnant d'autres prénoms, et surjouer mon rôle au travail. Ok, très bien, je dois accepter ces réalités, cela est devenu clair avec le passage des heures.
Donc, j'étais paysanne-bibliothécaire, mais je dois aussi m'avouer une autre réalité. Je disais que c'était hier, mais en fait, "hier" est une sous-estimation du temps. Cet hier est largement derrière moi, un hier extrême, celui qui date de plusieurs années. Je le dis donc pour la toute première fois, ma vie de paysanne-bibliothécaire est bien plus ancienne qu'un jour ; mais un vieux hier. Un ''hier'' métaphorique. J'en soupire, à force, de voir plus clairement ma vie à avoir passé ainsi, une, deux, trois, quoi ? Non, même plus de dix années déjà qu'elle est terminée.
Cette vie avait un mélange aigre-doux, un peu comme les cornichons que j'aime. Ce mélange est donc pauvre-riche : pauvre en récompenses dans la durée, riche en expériences.
Parfois pauvre en atmosphère de travail, mais j'ai également eu des périodes riches dans la confiance de supérieurs(es) en mes capacités grandissantes.
Les autres paysans et paysannes labourent la terre, plantent des graines, attendent la poussée des plantes. Moi, en paysanne-bibliothécaire, je labourais les collections de livres. Je semais de nouvelles graines en commandant des ouvrages documentaires, des non-fictions, sur plein de sujets, selon la spécificité ou généralité de la bibliothèque où je me trouvais.
Je trouvais aussi des romans pour les adultes – les collègues s'occupaient des plus jeunes.
J'adorais échanger avec quelques collègues et deux ou trois supérieures hiérarchiques, et surtout avec des profs qui venaient demander des livres très pointilleux dans leurs domaines respectifs, et la satisfaction quand je les avais devancés en proposant pile-poil ce dont il leur fallait, faisait franchement partie des meilleures expériences.
Des commentaires trop passifs-agressifs d'autres personnes qui pensaient juste me charrier mais qui me blessaient plus qu'autre chose sont la source de mon aigreur posthume à leur égard – non, personne n'est mort, juste les contrats de travail ayant expiré il y a si longtemps, que c'en est une forme de décès, et donc une amertume posthume, et tiens, ça ferait un joli poème avec des rimes.
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